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Mille et un Liban

20 septembre 2005

Parti anti–syrien : les jeunes sympathisants comme les cadres pensent à leur avenir

Quatre mois après le retrait des troupes syriennes, le Kataëb (parti souverainiste libanais) a pu commémorer librement le 23ème anniversaire de l’assassinat de son charismatique leader, Béchir Gemayel. Les jeunes sympathisants sont venus en nombre assister à ce tournant du parti.

vue_ensemble« Béchir Gemayel est vivant en nous ! » Le slogan scandé par un cortège de jeunes Libanais résonne dans les rues d’Achrafieh, quartier chrétien à l’est de Beyrouth. Le rassemblement a des airs de fêtes. Des BMW et autres Mercedes en procession font rugir leur moteur. Des jeunes filles aux fenêtres des bolides, cheveux au vent, agitent des drapeaux du Kataëb (parti démocrate social chrétien) au rythme des klaxons. Pourtant, ces quelque 3000 personnes se sont réunies devant l’église de la Médaille miraculeuse pour commémorer une mort. Celle de Béchir Gemayel, leader du parti pendant la guerre civile et assassiné le 14 septembre 1982 dans un attentat à la bombe, trois semaines après son élection à la présidence du pays. L’explosion perpétrée par un membre du Parti national syrien avait fait vingt morts. Le 23ème anniversaire de la mort du «  président martyr » a pris une dimension toute particulière cette année pour les sympathisants. Pour la première fois, cette commémoration s’est déroulée dans un Liban libre de l’occupation syrienne à laquelle le parti était farouchement opposé. Le pays voisin a en effet retiré la totalité de ses troupes le 25 avril 2005. Un contexte politique qui a permis, contrairement aux années précédentes, d’éviter les heurts et de laisser les participants s’exprimer librement.

pict0004Comme la très grande majorité des sympathisants présents, Elias, 22 ans, n’était pas né lors de l’assassinat de Béchir Gemayel. Pour lui, ce 23ème anniversaire se distingue des autres. « Avant, la commémoration était encadrée par l’armée syrienne. Elle se terminait souvent par des échauffourées. On était réprimé violemment. » se souvient-il. «  Beaucoup d’entre nous terminaient la cérémonie en prison, rajoute Stéphan, un ami d’Elias. C’était toujours les jeunes qui étaient prêts à prendre ce risque. Aujourd’hui, ce sont encore les jeunes qui se sont déplacés. » Emile, 43 ans, n’est pas surpris par la moyenne d’âge des participants. « Dans les communautés musulmanes et chrétiennes, on ne laisse pas assez les jeunes prendre part à la vie politique. C’est ici une façon pour eux de prouver qu’ils en sont aussi les acteurs. Ces jeunes sont le terreau de la politique de demain. » explique-t-il.

Les effusions de joie, les sifflets, les applaudissements contrastent avec la solennité des officiels des différents partis réunis dans l’église pour la messe commémorative. Une messe qui laisse espérer une réconciliation du Kataëb. Pour la première fois, la famille Gemayel a convié Karim Pakradouni, président en exercice du parti, à la cérémonie. La légitimité de ce dernier avait été depuis longtemps mise en doute par les Gemayel. Un pas vers la refondation du parti jusqu’ici divisé. Reste pour les prochains mois à établir les objectifs du Kataëb qui doit désormais repenser sa ligne politique en dehors de l’occupation syrienne.

Le rapprochement au sein du parti ainsi que le retrait des troupes syriennes rendent Elias optimiste. « On nous dit que dans quelques temps le Liban ira mieux. Ça vaut peut-être le coup de rester. » Peut-être ne fera-t-il pas partie des 2000 jeunes diplômés qui quittent le pays chaque année.                                                                              Virginie Vilar et Ariane Puccini

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